Il y’a quelques années, alors que je voulais déménager de Fès à Casablanca, j’ai recherché un déménageur qui pouvait prendre en charge mon petit appartement, emballer mes meubles, les organiser dans son camion, faire attention et me les acheminer à destination, sans bien sûr les casser.
C’était peine perdue. Moi qui avais fait ça presque chaque année quand j’avais été étudiant en France. Il suffisait d’appeler une société de déménagement qui employait alors une foultitude d’ingéniosités pour transporter en douceur vos meubles, vos livres, vos biblos les plus précieux. Des sociétés qui s’excusaient lorsque les voisins se sentaient gênés. Des sociétés qui avaient même un prix spécial pour les étudiants.
Par ici, un déménagement sur 300 km peut être perçu comme pas cher! mais alors quand on vous a cassé le miroir du salon, le pied du canapé, arraché la poignet de votre placard ou cassé la vaisselle, ça devient du n’importe quoi. Et le comble, c’est que le transporteur ne vous dit même pas désolé. Il ne considère pas du tout que ça fait partie de son boulot de faire attention aux affaires qu’il transporte. Il ne sait pas s’excuser, ni avoir un mot gentil avec le voisin dérangé par le bordel qu’il provoque.
Alors qu’à cela ne tienne. J’ai décidé de faire appel à une société spécialisée. Mais à Fès. Croyez moi, une société spécialisée ? c’est simple, il n’y en a pas. Ou bien elle est bien cachée.
J’ai tourné en rond et finis par atterrir au « MOUKEF ». Vous savez ce que c’est ? c’est la place du marché des camionneurs et transporteurs. Quand ils arrivent dans une ville, ils se mettent là, à attendre le prochain pigeon pour pouvoir charger et rentrer chez eux. Là les camions il y’en a à la pelle. Ils vous proposent des prix qui ne respectent aucune logique. Un fès – casa ? pour l’un c’est 3000 DH, l’autre propose 6000, un autre 8000, un autre 9000 et la manutention à votre charge. Il faut en plus recruter 3 ou 4 gars pour faire le job.
J’ai fini par en prendre un qui me paraissait à peu près ouled ennas. Il arrive au bas de l’immeuble, se gare et envoi ses sbires massacrer mon miroir, casser la porte d’entrée, blesser à plusieurs endroits les escaliers et les murs. Bref, ce n’était plus un déménagement, c’était la 3ème guerre mondiale.
Depuis cette malheureuse expérience. J’ai décidé de ne plus déménager les meubles. Je les change ! ça ne sert à rien de les déménager, de toutes les façons, ces monstres vont les casser. Alors, désormais, je vend les vieux meubles et j’en achète d’autres. là ça devient cher.
Quelques années plus tard, travaillant dans l’informatique, je me suis mis en tête d’aider les autres à trouver des déménageurs professionnels, et des transporteurs. J’ai cherché aussi que ces derniers puissent figurer dans un annuaire, faire leur métier dans la transparence, proposer des prix raisonnables et surtout se sentir responsables de ce qu’ils transportent.
Monter une Bourse de Déménagement était pour moi un moyen d’apporter à cette profession un outil pour valoriser son job, favoriser les plus performants. Ceux qui ont le souci du travail bien fait et qui voudraient sortir du lot.
Je voulais aussi permettre à tous ceux qui doivent déménager de pouvoir faire appel à des gens qualifiés, des Pro, qui font le job dans la bonne humeur. Bref, un peu comme ce que j’avais vécu étant étudiant.
De fil en aiguille, et parce que je fréquentais aussi des transporteurs, l’idée est devenue une bourse de fret pour le transport de marchandises. Une Bourse qui met en relation les chargeurs et les transporteurs et qui leur permet de rechercher, les uns des prix sympas, les autres de quoi augmenter le chargement de leurs camions et éviter le Retour à Vide.
C’était certainement une bonne idée. D’ailleurs, en Europe, les Bourse de Fret sont légion et il y’ en a des dizaines, spécialisés ou non, privés ou publics, payantes ou gratuites … etc.
Ces bourses, tout comme Agora Logistics fonctionnent grâce à Internet, au paiement électronique, à la fréquentation et au trafic Internet.
J’avais oublié une seule petite chose ….
Au Maroc, et c’est encore pire chez les chargeurs et les transporteurs. On ne sait pas encore ce que c’est Internet ! On n’a pas de carte bancaire et on ne croit que ce qu’on voit. bref, Agora Logistics est un bel édifice, bourré de technologies, mais il faudra peut être attendre que nos transporteurs, camionneurs, chauffeurs et chargeurs se mettent à l’ère de l’Internet.
Affaire à suivre.